Introduction à la philosophie processuelle (SEM139)

Description

La philosophie processuelle, longtemps cantonnée aux marges de la réflexion philosophique, connaît aujourd’hui une reconnaissance croissante en raison de sa capacité à renouveler notre compréhension du réel. Contrairement aux approches traditionnelles centrées sur l’idée de substance et de stabilité des objets, le processualisme propose une vision dynamique de l’univers, mettant l’accent sur le devenir, la relation et l’émergence. Cette perspective offre une grille d’analyse originale, non seulement pour le monde naturel et le vivant, mais également pour les sociétés humaines et les structures sociales. À travers quatre étapes pédagogiques structurées, le séminaire invite à explorer les dimensions historiques, conceptuelles, scientifiques et sociales de cette philosophie, tout en favorisant le dialogue avec les sciences contemporaines et la philosophie classique.

La philosophie processuelle repose sur une intuition centrale : le monde est en perpétuel devenir, et non constitué d’entités fixes et immuables. Cette perspective remet en question la primauté de la substance sur le changement, en proposant que la réalité soit comprise comme un réseau de relations dynamiques et interconnectées. Les implications de cette approche sont vastes, touchant à la métaphysique, à l’éthique, aux sciences naturelles et sociales.

Étape 1 : Situer la métaphysique processuelle

Cette première étape propose un panorama historique du processualisme. Elle commence par les intuitions d’Héraclite, célèbre pour sa vision du flux universel, avant de passer aux formulations plus systématiques de Bergson, Whitehead et Simondon. L’objectif est de montrer comment la primauté du devenir a progressivement été affirmée contre la métaphysique de la substance, et pourquoi cette philosophie, longtemps marginalisée, gagne aujourd’hui en pertinence face aux transformations rapides de notre monde. Cette contextualisation historique permet aux étudiants de comprendre l’émergence du processualisme comme réponse aux limites des conceptions statiques de la réalité.

Étape 2 : Explorer les concepts fondamentaux

La deuxième étape plonge au cœur des concepts essentiels de la philosophie processuelle : devenir, relation, concrescence, créativité, individuation et émergence. Ces notions sont confrontées aux concepts classiques, tels que substance, identité et causalité. Cette confrontation critique aide les étudiants à saisir le renversement opérant dans la pensée processuelle et ses implications sur la manière dont nous comprenons le monde. Des liens avec les sciences contemporaines, telles que la physique, la biologie et la théorie des systèmes, sont également explorés pour montrer la pertinence de ces concepts dans l’analyse des dynamiques complexes et interconnectées.

Étape 3 : Processualisme et sciences de la nature

La troisième étape examine l’apport du processualisme à la compréhension de la nature. Elle met en lumière les interrelations et l’interdépendance au sein des écosystèmes, l’importance de l’auto-organisation pour penser la vie, et la notion d’irréversibilité dans la temporalité physique et biologique. L’objectif est de montrer que le monde naturel ne peut être réduit à un ensemble de substances statiques, mais doit être envisagé comme un tissu dynamique de relations en perpétuel devenir.

Étape 4 : Processualisme et sociétés humaines

La dernière étape explore les implications sociales et éthiques du processualisme. Les étudiants seront invités à réfléchir sur les transformations sociales et politiques, les mutations culturelles, et les enjeux contemporains liés aux technologies, notamment l’intelligence artificielle. L’accent est mis sur l’éthique relationnelle et sur la manière dont une vision processuelle du monde peut enrichir notre compréhension de la communauté, de la solidarité et des modes de cohabitation dans un monde complexe et incertain.

En confrontant le devenir et la relation à des problématiques contemporaines, de l’écologie à l’intelligence artificielle, le séminaire montre que la philosophie processuelle n’est pas une abstraction théorique, mais un outil pour repenser notre rapport au monde et aux autres. Les étudiants ressortiront de cette formation avec une vision enrichie de la réalité, capables d’articuler philosophie, sciences et enjeux sociétaux dans une perspective ouverte et dynamique.

Objectifs

• Introduction claire à la métaphysique processuelle : familiariser les étudiants avec l’histoire et les principes fondamentaux de cette philosophie.

• Maîtrise des concepts fondamentaux : comprendre des notions clés comme le devenir, la relation, la concrescence, la créativité, l’individuation et l’émergence, et leur portée théorique.

• Interdisciplinarité : mettre en évidence les résonances entre la pensée processuelle et les sciences naturelles et sociales, ainsi que les implications pour l’analyse des phénomènes complexes.

• Réflexion critique : stimuler une pensée critique sur les implications philosophiques, sociales et éthiques du processualisme.

• Dialogue entre philosophie et sciences contemporaines : encourager les étudiants à articuler des perspectives philosophiques et scientifiques pour une compréhension globale des transformations du monde.

Acquis pédagogiques

• Maîtrise historique et conceptuelle du processualisme : compréhension des principales étapes historiques du processualisme et de son évolution dans la philosophie contemporaine, ainsi que maîtrise des concepts centraux, tels que devenir, relation, concrescence, créativité, individuation et émergence.

• Lien entre philosophie et sciences contemporaines : familiarité avec les connexions entre la pensée processuelle et les sciences (physique, biologie, théorie des systèmes), et capacité à mobiliser ces concepts dans l’analyse de phénomènes complexes.

• Applications aux sociétés et enjeux contemporains : connaissance des implications du processualisme pour les sociétés humaines, y compris les dimensions éthiques, politiques et technologiques, et capacité à réfléchir sur des problématiques actuelles à partir de cette perspective.

• Analyse critique et comparée des traditions philosophiques : capacité à analyser et comparer différentes traditions métaphysiques, en identifiant leurs présupposés et implications, et à développer une pensée critique sur leurs limites et potentialités.

• Approche interdisciplinaire et articulation conceptuelle : habileté à articuler des perspectives philosophiques et interdisciplinaires, à mobiliser des concepts dans divers contextes scientifiques et sociaux, et à produire une réflexion structurée et critique sur les dynamiques émergentes du monde.

Modalités d’évaluation

L’évaluation du séminaire sera basée sur deux composantes principales :

• Devoir personnel d’analyse : Les étudiants devront rédiger un devoir d’une page en réponse à une question posée. Ce devoir mettra en valeur leur capacité à analyser, à formuler une intuition personnelle, et à appuyer leur réflexion par des références bibliographiques et théologiques pertinentes.

• Participation aux forums : La qualité de l’engagement des étudiants dans les discussions de groupe sera évaluée, en mettant l’accent sur leur capacité à écouter les autres, à relier la foi à différents contextes, à apporter des témoignages personnels et à enrichir le dialogue théologique par des contributions approfondies et documentées.