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Montée de l’idéologie du kémitisme panafricain et crédibilité du discours théologique chrétien (145)

Montée de l’idéologie du kémitisme panafricain et crédibilité du discours théologique chrétien (145)

Séminaire en théologie

Code du cours: SEM145

Professeur : Dr. Sibiri Félix Koala

L’éveil africain, la souveraineté, le souverainisme, entre autres, constituent de plus en plus les concepts clés d’une certaine intelligentsia et d’idéologues africains. L’appel lancé vise l’émancipation de l’Afrique dans presque tous les domaines de la vie humaine (culturel, politique, technique, technologique, etc.). De cet appel à l’émancipation émergent de nombreuses voix, y compris dans le domaine religieux. En dépit du soupçon que les religions importées aient pu contribuer à la domination des peuples africains, il est proposé un retour aux divinités et aux religions ancestrales, seules capables selon eux de reconnecter l’Africain à ses racines afin de favoriser son épanouissement et sa réalisation. Ce discours trouve aujourd’hui un terrain particulièrement favorable au sein de l’idéologie se revendiquant du kémitisme panafricain. Cette dernière se présente comme un éveil identitaire et spirituel fondé sur l’héritage culturel africain que l’on remonterait volontiers jusqu’aux origines égyptiennes.

Selon cette idéologie, il conviendrait que l’Afrique (ou l’Africain) se réapproprie les réalités et vérités précoloniales qui ont été habilement étouffées dans le cadre d’une domination exercée sur l’homme noir. La dynamique sous-jacente repose sur le constat que « l’Occident a exercé dans ses entreprises “civilisatrices” en Afrique une forme d’impérialisme symbolique qui reléguait les croyances et les pratiques rituelles des peuples colonisés au rang de superstition et d’archaïsme 1 ». Cela a engendré des « épistémicides » préjudiciables à la cause africaine, qu’il importe aujourd’hui de déconstruire afin de permettre une reconnexion de l’homme avec son histoire. Une telle perspective constitue, sans conteste, une invitation à rompre avec les diverses idéologies exogènes, y compris religieuses. La foi chrétienne n’en serait donc pas moins concernée, et elle est souvent la première visée. Il convient dès lors d’analyser, dans une optique prospective, les pertinences, limites et défis de ce discours émergent. Dans un contexte d’inculturation considéré comme le lieu où l’Église prend conscience de son devoir de dialogue et de reconnaissance des vérités culturelles (identitaires) des peuples, il apparaît nécessaire d’examiner les critiques formulées par ce discours à l’égard de la foi chrétienne. Cette démarche permettra d’approfondir davantage les domaines et données négligés par les recherches en matière d’inculturation. Tel est tout l’enjeu de ce séminaire.