David Hume : le Grand Empiriste (PHIL058)

Ce cours présente la pensée profonde et novatrice de David Hume, l’un des grands empiristes du siècle des Lumières. Il étudie avec précision ses contributions majeures en épistémologie, métaphysique, philosophie morale et politique, ainsi que sa critique audacieuse de la religion. Ce voyage intellectuel plonge dans les théories fondamentales de Hume sur la connaissance, les passions et la nature humaine, tout en examinant son impact durable sur les débats contemporains en philosophie.
Code du cours: PHIL058
Professeur : Fr. Marie-Victor KISYABA LAWARIDIDescription
Ce cours consacré à David Hume (1711-1776) propose une plongée approfondie dans l’œuvre de ce philosophe écossais emblématique du siècle des Lumières. Hume est reconnu pour son approche rigoureuse et critique fondée sur l’empirisme, le scepticisme et le naturalisme. Ce cours ne se limite pas à une introduction générale à ses thèses, mais offre une étude détaillée et structurée de ses apports en philosophie morale, religion, épistémologie, métaphysique et politique. L’objectif est double : d’une part, comprendre la spécificité de sa pensée dans son contexte historique ; d’autre part, évaluer sa pertinence à la lumière des débats contemporains.
La vie et la carrière de David Hume
La première section présente la vie de David Hume et les grandes étapes de sa carrière intellectuelle. Issu d’une famille noble, mais modeste, il reçoit une éducation rigoureuse à l’université d’Édimbourg dès l’âge de 11 ans. Rapidement attiré par la philosophie, il s’éloigne du droit pour se consacrer à l’étude des sciences humaines et naturelles. Sa première œuvre majeure, le Traité de la nature humaine, est rédigée en France entre 1739 et 1740.
Bien que mal accueilli à sa parution, ce texte fondateur constitue la matrice de sa pensée. Il sera plus tard retravaillé dans ses Enquêtes philosophiques. Hume poursuit sa carrière par la rédaction d’essais politiques, économiques et historiques, ainsi que de traités philosophiques majeurs. Sa réflexion s’étend de l’anthropologie philosophique à la religion, en passant par la science politique, l’économie et la morale.
La philosophie morale de David Hume
La deuxième section du cours est consacrée à la philosophie morale de Hume. Elle repose sur quatre thèses fondamentales : premièrement, la raison seule ne suffit pas à motiver la volonté, étant au service des passions ; deuxièmement, les distinctions morales ne proviennent pas de la raison, mais des sentiments ; troisièmement, ces sentiments d’approbation ou de désapprobation naissent en nous face à certaines actions ou traits de caractère observés chez autrui ; quatrièmement, certaines vertus sont naturelles, d’autres artificielles — comme la justice.
Hume s’oppose ainsi aux moralistes rationalistes, comme Clarke ou Kant, et s’inscrit dans le courant sentimentaliste de Hutcheson et Shaftesbury. Il développe une éthique du spectateur moral, selon laquelle l’évaluation morale naît du regard empathique porté sur autrui. Cette éthique trouve un prolongement dans sa théorie des passions, qui distingue les passions directes (désir, peur, espoir…) des passions indirectes (orgueil, humilité, amour, haine). Ces dernières sont liées à la représentation que nous avons de nous-mêmes et de notre rapport aux autres. Enfin, Hume défend une morale fondée sur l’utilité sociale, préfigurant les thèses de l’utilitarisme classique.
La philosophie de la religion de David Hume
La troisième et la quatrième section sont consacrées à la philosophie de la religion de Hume. Philosophe profondément sceptique, il critique les fondements rationnels des doctrines religieuses traditionnelles. Il rejette notamment l’argument des miracles, jugeant qu’aucun témoignage humain ne saurait suffire à établir une violation des lois de la nature. Dans ses Dialogues sur la religion naturelle, il déconstruit les arguments téléologiques et cosmologiques en faveur de l’existence de Dieu.
L’univers, dit-il, ne peut être assimilé à une machine ou à une œuvre humaine : l’analogie est trop faible pour fonder une preuve solide. Hume interroge aussi l’origine des croyances religieuses, qu’il relie aux besoins psychologiques humains, comme la peur ou l’ignorance. La question de son propre positionnement vis-à-vis de la religion demeure débattue. Était-il athée, agnostique, ou simplement sceptique ? Le cours explore ces différentes interprétations, en soulignant les nuances de sa pensée. L’originalité de Hume tient à sa capacité à dissocier radicalement la philosophie de toute référence à une transcendance ou à une révélation surnaturelle, ouvrant la voie à une pensée religieuse naturaliste.
Les aspects épistémologiques et métaphysiques de la pensée de David Hume
Les cinquième et sixième sections abordent les aspects épistémologiques et métaphysiques de sa philosophie. Hume y développe une théorie empiriste de la connaissance selon laquelle toutes nos idées dérivent des impressions sensibles. Il distingue ainsi les impressions, vives et immédiates, des idées, copies affaiblies des impressions. Cette distinction permet d’interroger la validité de certaines idées philosophiques classiques, comme celle de la substance ou du moi. Hume est célèbre pour sa critique de l’identité personnelle : selon lui, le moi n’est qu’un faisceau de perceptions en perpétuel changement, sans substrat stable.
De même, il remet en question la notion de causalité. Pour Hume, le lien causal entre deux événements ne peut être observé directement : nous n’assistons jamais qu’à leur conjonction constante. L’idée de « connexion nécessaire » relève donc de l’habitude, non d’une connaissance rationnelle. Ces thèses ont eu un impact considérable sur l’histoire de la philosophie moderne, notamment sur Kant, qui affirme avoir été « réveillé de son sommeil dogmatique » par la lecture de Hume.
La philosophie politique de David Hume
Enfin, la septième section du cours traite de la philosophie politique de Hume. Bien qu’il n’ait pas écrit de traité systématique sur le sujet, ses Essais politiques et son Histoire d’Angleterre en constituent les principales sources. Hume y adopte une position modérée, critique à l’égard du contrat social et favorable à une monarchie tempérée.
Il rejette les fondements fictifs des théories contractualistes et insiste sur le rôle des coutumes, des institutions et de l’histoire dans l’émergence du politique. Hume est également un précurseur de la pensée économique moderne : ses réflexions sur le commerce, la monnaie et la richesse ont influencé des penseurs comme Adam Smith. Son scepticisme politique l’amène à valoriser la stabilité et la modération plutôt que l’utopie révolutionnaire.
Ce cours sur David Hume propose donc une exploration complète d’une pensée riche, complexe et rigoureuse. À travers l’étude de ses grandes œuvres et de ses thèses majeures, il s’agit de saisir les enjeux fondamentaux de son projet philosophique, qui vise à fonder une « science de la nature humaine » sur l’observation et l’expérience, et à libérer la pensée des illusions du rationalisme dogmatique comme des croyances religieuses infondées.
Hume nous invite à adopter une posture de doute méthodique et de prudence intellectuelle, qui reste d’une grande actualité dans les débats philosophiques contemporains. Son œuvre représente un tournant décisif dans l’histoire de la philosophie, tant par sa radicalité critique que par la fécondité des perspectives qu’elle a ouvertes pour les siècles à venir.
Objectifs
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Découvrir la vie et le parcours intellectuel de David Hume. Le cours vise à permettre aux étudiants de situer David Hume dans son contexte historique, culturel et philosophique. Il s’agit de comprendre l’influence de son époque (le siècle des Lumières), son éducation, son itinéraire personnel et intellectuel, ainsi que les conditions de réception de ses œuvres. Comprendre les fondements de la pensée empiriste et sceptique.
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Permettre aux étudiants d’identifier les grandes thèses de Hume. Que ce soit en matière d’épistémologie, de métaphysique et de théorie de la connaissance, notamment à travers les notions de perception, d’impressions, d’idées, de causalité, et d’identité personnelle. Analyser la portée de la philosophie morale de Hume.
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Présenter la contribution originale de Hume à la philosophie morale. Cela, en insistant sur le rôle central des sentiments dans le jugement moral, sa critique des rationalistes et des moralistes égoïstes, et l’introduction du concept d’utilité comme critère éthique. Étudier de manière critique la philosophie de la religion de Hume.
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Examiner les grandes lignes de la critique humienne de la religion révélée et des arguments classiques de la théologie naturelle, en analysant les Dialogues sur la religion naturelle, l’Enquête sur l’entendement humain et l’Histoire naturelle de la religion. Explorer l’influence de Hume en philosophie politique et économique.
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Se familiariser avec les idées politiques et économiques de Hume, en particulier son scepticisme à l’égard du contractualisme, son attachement aux institutions stables, et ses apports à la pensée économique préclassique. Développer une capacité critique face aux débats philosophiques contemporains.
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En confrontant les thèses de Hume aux débats philosophiques actuels, encourager l’étudiant à adopter une attitude critique et à comprendre la fécondité persistante de la pensée humienne dans des domaines tels que l’éthique, la philosophie des sciences, ou la philosophie politique.
Acquis pédagogiques
L’étudiant sera capable :
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de présenter avec précision la biographie intellectuelle de David Hume et les grandes étapes de la publication et de la réception de ses œuvres ;
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identifier les concepts fondamentaux de l’empirisme humien, notamment les distinctions entre impressions et idées, les principes de l’association des idées, et la critique de la causalité ;
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analyser les principales thèses morales de Hume, notamment sa théorie sentimentaliste, l’idée que la raison est esclave des passions, et sa conception des vertus naturelles et artificielles ;
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comprendre et discuter les critiques humiennes de la religion, en particulier sa position sur les miracles, l’existence de Dieu, l’origine psychologique de la croyance religieuse et le problème du mal ;
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mobiliser les arguments de Hume dans des discussions contemporaines, que ce soit en philosophie morale (éthique utilitariste, métaéthique), en philosophie de la religion, ou dans les débats sur la connaissance scientifique et ses fondements ;
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distinguer entre scepticisme doux et scepticisme dur, en saisissant les implications théoriques et pratiques de l’attitude sceptique de Hume ;
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construire un regard critique sur les doctrines rationalistes, en identifiant les tensions entre les traditions rationalistes et empiristes dans l’histoire de la pensée moderne ; utiliser les catégories et la méthode philosophique de Hume pour interroger des problèmes philosophiques concrets avec rigueur, nuance et esprit critique.
Modalités d’évaluation
L’évaluation de ce cours sur David Hume se déroulera en trois étapes :
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Un devoir écrit : les étudiants devront rédiger un devoir de trois à cinq pages en choisissant un sujet parmi ceux proposés. Ce devoir permettra aux étudiants d’approfondir un aspect spécifique, d’analyser des exemples concrets, et de démontrer leur capacité à articuler des idées de manière claire et structurée.
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Un quiz de synthèse : ce dernier servira à tester la bonne compréhension des notions de base abordées dans le cours. L’objectif de ce quiz est de s’assurer que les étudiants maîtrisent les éléments essentiels du cours et peuvent les mobiliser dans des contextes variés.
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Un examen final : à la fin du cours, un examen final sera proposé. Cet examen évaluera non seulement leur compréhension théorique des idées de Hume, mais aussi leur capacité à effectuer des recherches, à synthétiser des informations, et à présenter des arguments de manière cohérente et structurée.
Plan du cours
VUE D’ENSEMBLE DU COURS
I. PRÉSENTATION DE DAVID HUME
1. David Hume : Vue d’ensemble
2. La vie et les principales œuvres de David Hume
II. LA PHILOSOPHIE MORALE DE HUME
1. Les questions morales controversées des prédécesseurs de Hume
2. Aperçu de la théorie morale de David Hume
3. Les passions et la volonté
III. LA PHILOSOPHIE DE LA RELIGION DE DAVID HUME I
1. Aperçu de la philosophie de la religion de David Hume
2. Dialogues sur la religion naturelle
IV. LA PHILOSOPHIE DE LA RELIGION DE DAVID HUME II
1. Qu’est-ce que l’athéisme ?
2. Hume était-il athée ?
V. LES QUESTIONS ÉPISTÉMOLOGIQUES ET MÉTAPHYSIQUES DE DAVID HUME I
1. Espace et temps
2. Identité personnelle
3. Perceptions : Impressions et idées
4. Objets externes
VI. LES QUESTIONS ÉPISTÉMOLOGIQUES ET MÉTAPHYSIQUES DE DAVID HUME II
1. L’idée d’une connexion nécessaire
2. Causalité
VII. LA PHILOSOPHIE POLITIQUE DE DAVID HUME
1. Aperçu de la philosophie politique de David Hume