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Gérard Defois, L'Eglise, espace d'alliance. Libres propos d'ecclésiologie pratique

13 mai 2014 | resena
Gérard Defois, L'Eglise, espace d'alliance. Libres propos d'ecclésiologie pratique

Recension de Gérard Defois, L'Eglise, espace d'alliance. Libres propos d'ecclésiologie pratique par le F. Pierre-Yves Materne, op

 

L’Église, espace d’alliance. Libres propos d’ecclésiologie pratique, Paris, Cerf,  Collection : « L’histoire à vif », 2010, 232 pages, 19 Euros


L’Église, espace d’alliance


Libres propos d’un évêque sur la situation de l’Église aujourd’hui. Théologien et sociologue, Mgr Gérard Defois invite à porter un regard lucide sur la vie de l’Église dans une société en grande mutation. La mission chrétienne est à redécouvrir comme vie de sens et d’alliance au cœur du monde.

Á la lumière de sa longue expérience de pasteur et de théologien, Gérard Defois entraîne son lecteur dans un parcours qui éveille aux multiples défis que l’Église catholique rencontre de nos jours. Mgr Defois (né en 1931) a été évêque de Reims et archevêque de Lille. Il est président de Justice et Paix Europe. Soucieux de ranimer la flamme de l’espérance, cet évêque français a choisi d’écrire ce livre pour rencontrer une question cruciale : “Comment les chrétiens peuvent-ils aborder les prochaines décennies en dépassant les querelles et les amertumes issues de transformations si radicales de leur contexte social et culturel ?”

Le monde évolue à grande vitesse et chacun doit faire face à une instabilité devenue structurelle. Le sentiment d’être dépassé tend à s’installer dans les mentalités. La grande tentation des chrétiens est de se replier sur ses acquis, au risque de perdre le sens de l’ouverture et du dialogue. D’où l’importance pour l’évêque de souligner combien l’Église n’existe qu’en alliance avec le monde. Il insiste pour garder cette relation positive au monde initiée par le concile Vatican II. L’heure n’est certes plus à la “spiritualité de l’enfouissement” des années 70, mais à une expression publique des convictions. “Alors que leurs aînés voulaient ouvrir l’Église afin qu’elle soit accueillante à la modernité, ceux qui ont traversé des lieux et des temps ‘sans églises’ souhaitent une visibilité et une vie collective explicitement chrétienne.”


Une parole pour tous

La société libérale pense pouvoir exister sans référence aux religions qui contribuèrent à son développement. Aujourd’hui, un certain esprit laïc anticlérical veut rompre les amarres avec le patrimoine spirituel de toute une société. Gérard Defois récuse la privatisation des religions que prône la “laïcité à la française”. Selon lui, l’Église doit garder sa liberté d’expression dans la sphère publique. Les chrétiens ont quelque chose à dire aux autres sur les grandes questions éthiques du moment. Á ceux qui considèrent la foi comme une croyance privée, l’évêque répond clairement : “la foi chrétienne est sens et alliance, conviction et communauté, foi et solidarité, expérience personnelle et histoire collective.”

Alors que la foi est considérée par beaucoup comme une “option” individuelle, il ne faut pas oublier la dimension sociale de la croyance. On ne peut pas se contenter d’être des consommateurs en matière religieuse. Il faut devenir acteur de changement et de ressourcement. Selon Mgr Defois, la foi chrétienne conduit à la rencontre de l’autre pour humaniser le monde.
L’Église n’est pas hors du monde

Mgr Defois est conscient des réflexes identitaires qui menacent l’Église. Pour cette raison, il souligne que l’Église n’est pas une “contre-société” échappant aux mouvements de l’histoire. “La relation de l’Église et du ‘monde’ ne saurait se réduire à un‘face à face’. L’Église n’est pas davantage au-dessus de l’histoire, dans une transcendance immaculée, comme si elle n’était pas un acteur de cette histoire, c’est-à-dire tributaire de ses fragilités et de ses tentations.” Elle doit être signe d’une présence de Dieu dans la vie de chaque personne. Son attitude ne doit pas être une attitude de fermeture, mais d’accueil. Puisque l’Église n’est pas là pour elle-même, il y a un décentrement à opérer. Vivre décentré, c’est entrer en relation de compagnonnage avec tout être humain. Il ne s’agit pas d’être silencieux pour autant !
 

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