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Anselm Grün, L'art de bien vieillir

2 juin 2014 | resena
Anselm Grün, L'art de bien vieillir

Recension de Anselm Grün, L'art de bien vieillir par Guido Van Damme, op

Anselm Grün, L’art de bien vieillir, Editions Albin Michel, Paris 2008, 208 p.

Anselm Grün est l’un des auteurs religieux les plus productifs et les plus choyés du public. Il se considère lui-même, à 63 ans, comme l’un « des plus jeunes parmi les anciens ». Peut-être est-ce l’historien Charles Chauvin qui l’a cerné le mieux en écrivant que « ce bénédictin infatigable a incontestablement le sens du contact, et il possède un art de présenter les problèmes de théologie et de spiritualité de telle sorte que croyants ou non, chrétiens ou non, se reconnaissent dans son langage ». Il fallait au demeurant une certaine magie des mots pour aborder un sujet qui est d’autant plus difficile qu’il rebute beaucoup de monde : celui du vieillissement.

Anselme Grün relève un autre défi que celui des généralités. Sur un sujet qui, sans conteste, est empreint de gravité, il parvient à nous guider dans une promenade intellectuelle toute lumineuse, toute optimiste, et émaillée de citations frappées en forme de médaillons. De Martin Buber : « Vieillir est une chose merveilleuse pour celui qui n’a pas désappris à débuter ». De Carl Gustav Jung : « L’ego doit disparaître afin de laisser place à ce qui le dépasse. Il s’agit de quitter l’ego pour pénétrer le moi ». De Goethe (à son ami Carl Friedrich Zelter) : « Soit dit entre nous, j’ai la chance, à mon grand âge, de voir éclore en moi des pensées dont l’approfondissement et la mise en pratique vaudraient assurément une seconde existence ».

Chez Grün, ces citations ne sont que des loupiotes posées le long du cheminement d’une pensée claire, bien structurée, mais qui s’octroie la coquetterie de masquer un plan qui ferait didactique. Mais ce plan existe, et il témoigne de solides connaissances en gérontologie sociale. Il n’ignore pas les sept grands classiques de l’angoisse sénile : la peur de sombrer dans la folie, la peur généralisée de vivre, la peur de manquer du minimum vital, la peur de la dépendance, de la maladie, de changements non contrôlés ou de nouvelles tâches à accomplir. Mais il les transcende dans son analyse. Que ce soit dans l’indispensable « lâcher prise » (se détacher de ses biens, de sa santé, de ses relations, de la sexualité, du pouvoir ou de son ego) ou dans le survol des « vertus du grand âge » (la sérénité, la patience, la douceur, la liberté, la gratitude ou l’amour,) tout est dit sur le ton feutré d’une conversation intelligente mais simple, chaleureuse mais réaliste, comme on les aime au coin du feu des premières soirées d’automne.

Tout sauf une homélie sur la vieillesse, et en prime quelques accents de liberté qui en d’autres temps, auraient valu des ennuis à leur auteur : « L’Eglise a elle aussi besoin de vieillards qui s’expriment ouvertement, sans se soucier des jugements ou des dommages qu’entraîneront leurs propos ».

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