E-Séminaire : Le bonheur, si je veux

« Le bonheur, si je veux. » Forgé par l’agence RSCG pour le Club Med à l’orée des années 1990, le slogan publicitaire qui promouvait un bonheur encore facultatif en a inspiré bien d’autres prônant, à l’aube des années 2000, un bonheur désormais obligatoire. Devenu dans nos sociétés un concept marketing en effet, le bonheur constitue depuis l’injonction portée en creux par le moindre produit de consommation mis en relief. "Sois heureux grâce à moi et si tu ne l’es pas, prends garde à toi qui n’auras qu’à t’en prendre qu’à toi-même" semblent nous murmurer une assurance du Crédit Agricole (« C’est fou comme on s’habitue au bonheur ») autant qu’un véhicule loué chez Hertz (« Le bonheur est dans le prix ») pour ne rien dire d’un contrat signé chez France Télécom (« Le bonheur, c’est simple comme un coup de fil »). Or pour qui garde en mémoire une autre formule, certes moins populaire mais tout aussi opératoire, à savoir la maxime kantienne « tu dois, donc tu peux », une tension surgit dans la mesure où, selon la nature même du bonheur, vouloir et pouvoir être heureux paraissent devoir varier en proportion inverse. Si, plutôt qu’un devoir, le bonheur est une option, il y a sans doute plus de chances que je veuille être heureux que de chances que je le puisse, et vice versa dans le cas contraire. D’où le retour de la question d’hier et le relais de l’interrogation d’aujourd’hui : quid du bonheur donc ?, et face aux sources de plaisir et aux ressources de la joie, est-il toujours ce que je veux ?

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