Antonin-Dalmace Sertillanges (1863-1948)

Henri Bergson et le catholicisme

Ce livre témoigne d’une longue recherche sur la création, mais aussi, sur philosophie, mystique et christianisme. La critique du néant dans L’évolution créatrice ferait comprendre la création ex nihilo. Le néant est conçu comme un point de départ, un être de raison ; en tant que tel, il n’existe pas : Sertillanges dit que la création n’a pas de point de départ. Même si ici, la question morale et religieuse est première du point de vue de l’activité humaine, le regard sur la création, avec L’évolution créatrice en arrière-plan, demeure essentiel. L’élan vital est un moyen de spiritualisation croissante, sans pour autant qu’il y ait rupture entre la matière et l’esprit. Chez Bergson, Sertillanges admet l’idée d’une évolution par tâtonnements, une évolution biologique où il y a création de nouveau, mais non déterministe. Un même résultat est obtenu sur des lignes d’évolution entièrement différentes, l’élan vital est créateur à travers la matière. Un autre ordre de faits est nécessaire pour comprendre l’accomplissement de la vie humaine dans le dynamisme moral, dans la sainteté et la vie mystique, c’est ce que Bergson expose dans Les deux sources et que Sertillanges analyse de façon rigoureuse. Bergson aurait opéré « un déblaiement » face au scientisme et au matérialisme. Sertillanges y voit une libération des idéologies kantienne et positiviste, en vue d’une ouverture au spirituel.