DOMUNI UNIVERSITAS

Paroles vives

Jean Baptiste

Jean Baptiste 17 décembre 2017

18 commentaires

Le plus grand des prophètes

C’est toujours après coup, et souvent trop tard, que l’on découvre une personnalité exceptionnelle. Ainsi en est-il de Jean, surnommé le Baptiste. Jésus nous dit qu’il est le plus grand des prophètes, pourquoi ? Prenons le temps de le considérer (Mat 11).
Nous sommes certains qu’il a existé. Des sources non-chrétiennes parlent de lui, comme Flavius Joseph qui précise qu’Hérode, le fils, l’a fait tuer. Il avait trop de succès et il menaçait son pouvoir.
L’Evangile en parle peu, toujours de manière élogieuse et stylisée. Dans les Actes des Apôtres (Ac 19, 3), Paul rencontre des disciples du baptiste et il les baptise à nouveau, cette fois, dans le baptême de Jésus, pour qu’ils reçoivent l’Esprit Saint.

Un radical modéré

Ce qui est exceptionnel, nous le voyons en le comparant avec tous ces radicalisés qui prétendent parler au nom de Dieu aujourd’hui, c’est que Jean Baptiste a quelque chose de retenu, de mesuré, véritablement humain et authentiquement spirituel. Jean-Baptiste a été emprisonné, il a douté. Il a finalement été assassiné. Son échec apparent préfigure la Passion du Messie. Il vit, malgré lui, et dans le plus grand inconfort, la vérité qu’il annonce et à laquelle il n’a pas encore accès. Toute sa vie, en ses limites mêmes, rend témoignage à la vérité de Dieu, dont la faiblesse paradoxale n’est pas encore tout à fait révélée.

Des questions révolutionnaires, des réponses pragmatiques

Comme précurseur, on peut comprendre ses questions : le Messie qui vient, peut-il tolérer le désordre établi ? La paix de Dieu permet-elle aux soldats de rester soldats ? La justice de Dieu, que les hommes d’argent restent des hommes d’argent ?
Ses réponses sont mesurées : partager et ne pas faire d’excès. « Celui qui a deux habits, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! » Aux collecteurs d’impôts, il demande de se satisfaire de la marge fixée ; aux soldats, de se contenter de leur solde. C’est tout, c’est peu ! Les financiers restent financiers et les soldats, des soldats ! J’en connais beaucoup qui auraient dit aux militaires : changez de métier, devenez non-violents et aux collecteurs d’impôts : entrez en dissidence, cessez de collaborer, devenez mendiants ! Mais Jean Baptiste sait accepter l’autre comme différent. Tout, chez lui, est dans la limite consentie. Il ne cherche pas à transformer le monde en un immense couvent !

Accueillir l'autre tel qu'il est

A l’opposé du fanatique qui détruit l’autre ou veut le conditionner, Jean Baptiste reçoit l’autre, tel qu’il est. Il a compris qu’il faut lui laisser de la place : préparer les chemins de Dieu, c’est se préparer à l’accueil. Il limite son propre champ pour que l’autre puisse se manifester. « Il faut qu’il grandisse et que je diminue ». Il s’efface comme, devant une porte, on s’efface pour introduire quelqu’un. Il jeûne et s’affaiblit, se préparant à recevoir (Mt 11, 18). Le Baptiste est célibataire mais il n’a rien d’un vieux garçon ! Il désire l’autre, prépare sa venue et respecte celui qui vient après lui. Jean Baptiste m’impressionne par sa discrétion. Il ne se prend pas pour le Messie. Il ne s’imagine pas non plus son impresario (Jn 3, 27-30). Il ne prétend pas accélérer la venue du Messie par sa prédication. Le don de Dieu s’accueille, on y participe mais on ne le produit pas ! Il est un homme d’action mais il est avant tout un homme de foi.
Homme de désir, Jean Baptiste reste patient. Il est la voix qui indique le Verbe. Il est la lampe qui annonce le soleil levant. Il est l’ami qui introduit l’Epoux. Il est le Précurseur. Jamais il ne se confond avec celui qu’il annonce et qu’il attend.

Se réconcilier avec la condition humaine

Jean Baptiste accepte les limites de la condition humaine comme ouverture à Dieu. Il mène une vie proche de la nature, en homme simplifié. Avec sa peau de chameau, son miel sauvage et ses criquets, il est un écolo qui vit de manière frugale et limite ses besoins,. Il prend du recul, se dégage de tout conditionnement, et peut parler très librement. Il aide les autres aussi à se purifier des habitudes de péché, à se baptiser, se laver, pour être eux-mêmes renouvelés.
Comme Jean Baptiste, ne croyons pas que le Christ puisse se manifester comme le résultat de notre agitation. L’hyperactivité sert souvent d’alibi pour ne pas considérer son voisin(e), immédiat. Les grands mots, les grands idéaux, sont souvent des idoles pour justifier des comportements très violents.

Dieu se fait humain

Tant pis si nous faisons pâle figure dans un monde d’excités. Les success-story sont souvent des mensonges où se cache une catastrophe imminente : respectons les limites de notre condition. Nous pouvons vivre intensément notre désir de perfection et d’infini, dans ce qui est concret et à notre portée. Nous pouvons nous approcher de Dieu dans ce qui est simple, accessible et vrai. Depuis le premier Noël, il s’agit d’accueillir un Dieu qui se fait humain ! (Jn 10, 31-39 ; 17, 21) Depuis nous le savons : tout enfant, tout être homme, toute femme, a un caractère exceptionnel.
 



« Le plus récent Le plus ancien »